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Tripier, un vieux métier populaire
Tripier, un vieux métier populaire

Petite histoire
0n faisait une grosse consommation de produits tripiers au Moyen Âge, bien que leur commerce fut alors strictement réglementé. À Paris, selon le registre de la Taille, six familles seulement avaient, en 1297, le privilège de les acheter aux bouchers en gros - qui gardaient cependant le monopole des produits tripiers rouges et des tripes de veau -, de les faire cuire la nuit dans leurs "boticles" du quartier de la Place aux Veaux (le quai de Gesvre), pour les céder ensuite à des femmes qui les revendaient au coin des rues dans de grandes bassines en cuivre. Au début du XVllle siècle, le bataillon des "cuiseurs de tripes" devint si important - une vingtaine - qu'une ordonnance de police, en date du 28 mars 1738, fit fermer boutique à huit d'entre eux. Ce n'est qu'en 1782, par lettres patentes, que les bouchers devront céder aux tripiers les produits tripiers rouges du bœuf et de l'agneau. À la fin du XVllle siècle, huit "cuiseurs de tripes" et une vingtaine de marchandes tripières en gros officient Place du Châtelet, à Paris. Mais en 1791, le 17 mars, toutes les corporations vont être supprimées. Les métiers devenant libres, il va falloir que naissent les organisations professionnelles, à la fois pour les régenter et pour défendre leurs droits. En ce qui concerne le métier de tripier, une ordonnance du 25 brumaire de l'an XII (17 novembre 1803) va en confirmer les prérogatives. L'ordonnance du 25 mars 1830 autorise aux tripiers l'exploitation des tripes de veau.

Que désigne-t-on par triperie
La triperie désigne à la fois la viande de triperie - les produits tripiers - et le commerce qui s'y rapporte, c'est à dire la vente des produits tripiers des animaux de boucherie. C'est un terme de boucherie qui désigne les organes des animaux contenus dans leur cavité crânienne, thoracique et abdominale, mais aussi leurs glandes, leurs joues, leurs pieds et leur queue. Ils sont la partie comestible du cinquième quartier, appelé ainsi par opposition aux quatre quartiers - deux pour l'avant et deux pour l'arrière - de la carcasse de l'animal.

Le bœuf fournit le foie, dit de génisse, le cœur, la langue, les rognons mais aussi le gras double, la joue, le museau, la queue et les tripes. Le veau fournit le foie, le cœur, les rognons, la tête, les pieds, la cervelle et la langue. Ses produits tripiers sont les plus fins ; quelques uns d'entre eux ne se trouvent que chez lui et entrent dans la composition de certaines andouillettes et des fameux tripous. L'agneau fournit les rognons, le foie, la cervelle, la langue, les ris, les pieds, les rognons blancs, la joue ; sa pansette permet, bien sûr, de confectionner les tripous et les pieds et paquets, spécialités régionales dont la réputation n'est plus à faire.

Des hommes, des femmes… et leur métier

En France, les produits tripiers se cuisinent et se dégustent depuis fort longtemps. Ils font désormais partie intégrante du patrimoine gastronomique français. Mais point de saveurs sans le savoir-faire des tripiers, qui pratiquent un métier vieux de plus de 900 ans. Un métier souvent transmis de père en fils ou de père en fille, qui nécessite bien des talents : le coup d'oeil pour choisir les produits, les gestes pour les préparer, les idées pour les cuire, le goût du contact pour aller à la rencontre des consommateurs, l'endurance pour faire face à de longues journées, le goût du goût aussi pour susciter l'envie… Ah bon, être ambassadeur du goût n'est pas une mince affaire ? La parole est à ceux qui le pratiquent puisque ce sont eux qui en parlent le mieux.

Métier de père en fille

Sandra Gambert est tripière. Et elle le tient de son père.
Cette jeune femme souriante, fait le mercredi, vendredi et dimanche le marché de Montfermeil et le samedi celui de Meaux, dans la région parisienne. A Montfermeil, son stand, installé dans les halles, ne propose que des produits tripiers. "Il y a trois bouchers dans les halles et je n'ai pas le droit de vendre de la viande. Je prépare aussi des plats à base de produits tripiers : langue de porc vinaigrette, tête de veau ravigote, langue de boeuf sauce tomate, museau de porc vinaigrette. Sur ce marché, je vends beaucoup de hampe et d'onglet de boeuf et de veau. Ce sont deux bons articles d'appel et, en bavardant avec les clients, je peux leur conseiller d'essayer d'autres produits comme les joues de boeuf ou de porc, pas très chers, faciles à cuisiner et qui sont très goûteux. Aujourd'hui, j'ai préparé des paupiettes réalisées avec un onglet de veau et une farce d'onglet de veau haché, d'herbes et d'ail. Les clientes veulent toujours avoir des idées de préparation, c'est le côté agréable de la vente, j'aime beaucoup ce contact. En fait, je ne me suis jamais posée la question de ce que j'allais faire comme métier. Et pourtant, c'est parfois difficile. Levers à trois heures pour être, le mardi et le jeudi, à Rungis vers 4 heures du matin et acheter les produits frais dont nous allons avoir besoin les deux jours suivants. Retour au laboratoire où l'on prépare tous les morceaux pour la présentation du stand et de celui de mon père : épluchage de l'onglet et de la hampe, cuisson de la langue de boeuf, préparation des têtes roulées. On les achète entières et notre grossiste de Rungis les "casse" et nous les vend désossées avec les cervelles à part."
(source : 30 siècles d'histoire gourmande)

Le métier coule dans ses veines

Laurent Chiron, tripier à Boulogne- Billancourt. Le métier coule dans ses veines…
" Mon grand-père était tripier. Mon père était tripier. Je suis tripier…
Je ne peux dire à quand remontent mes premiers souvenirs de ce métier, mais je peux dire qu'ils sont très présents dans ma mémoire : mon grand-père en train de désosser, mes parents préparant les ventes avant d'aller au marché, les achats aux Halles de Paris, puis à Rungis avec mon père. Aujourd'hui, j'ai 43 ans. J'ai repris l'affaire familiale depuis 6 ans. Je crois que c'est une suite logique... Ce qui m'attire dans ce métier, c'est le goût du travail bien fait. Mon indépendance dans le travail, mes amitiés avec les fournisseurs et les clients. Le foie de veau, c'est mon produit phare. À Rungis, je prends mon temps pour les choisir, pour déterminer leur qualité. À la vente nous sommes trois et la coupe du foie me revient car cela demande un savoir-faire particulier. Je coupe les tranches de façon régulière, je retire les veines. Ainsi le foie est apprécié par mes clients. Ils en redemandent ! Je les conseille sur les modes de cuisson aussi, je leur donne des recettes. D'ailleurs, à chacun de mes retours de vacances, ils reviennent et m'expriment leur mécontentement. En effet, mes vacances les ont privés de produits tripiers. Et les voir revenir, c'est ma récompense. "

Des hommes, des femmes… et leur métier

En France, les produits tripiers se cuisinent et se dégustent depuis fort longtemps. Ils font désormais partie intégrante du patrimoine gastronomique français. Mais point de saveurs sans le savoir-faire des tripiers, qui pratiquent un métier vieux de plus de 900 ans. Un métier souvent transmis de père en fils ou de père en fille, qui nécessite bien des talents : le coup d\'oeil pour choisir les produits, les gestes pour les préparer, les idées pour les cuire, le goût du contact pour aller à la rencontre des consommateurs, l\'endurance pour faire face à de longues journées, le goût du goût aussi pour susciter l\'envie… Ah bon, être ambassadeur du goût n\'est pas une mince affaire ? La parole est à ceux qui le pratiquent puisque ce sont eux qui en parlent le mieux.

 
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