Tout sur le basilic > Petite histoire
C'est 4000 ans d'histoire qu'il transporte avec lui avec ses coutumes, ses superstitions et ses usages.
Herbe royale, seul le basileus ou souverain avait le droit de la récolter apportant à ce geste tout un rite mystérieux. Cela se passait bien avant les Romains qui, tout en continuant à associer le basilic dans certains rites religieux comme symbole de la fertilité, en avait fait une plante ornementale. En Inde, d'où elle est originaire, elle est élevée au rang d'herbe sacrée; on l'offre à Vishnou et à Krishna. Dans ce pays, on l'appelle Tulsi, plante sacrée, qu'on cultive surtout dans les espaces réservés autour des sanctuaires.
L'association du basilic au sacré se retrouve dans les rites mortuaires. Ainsi, dans plusieurs pays, on glisse une branche de basilic entre les mains du mort pour le protéger dans son voyage vers l'au-delà. Elle fait partie des dizaines d'herbes et d'épices qui entrent dans le processus de momification en Égypte.
Par analogie, le basilic était considéré comme un signe de mort dans la Grèce antique.
Les Égyptiens avaient découvert que le basilic était une herbe bactéricide pouvant servir à conserver les aliments … et les morts. Ceci a donné lieu à des idées macabres que l'on retrouve dans la poésie de Boccacio qui lui-même inspira le poète anglais John Keats: Vous pouvez, mesdames, raconte-t-il, en vers romantiques, conserver la tête de votre amant décapité dans un pot de basilic pendant plusieurs semaines, pleurer un être cher emporté par le tranchant ou savourer votre vengeance selon la main qui l'a occis ….le nombre de semaines étant sujet à la température!
À LA SUPERSTITION …
Il n'y a qu'un pas à franchir entre l'herbe sacrée et l'herbe magique. Composante de la célèbre liqueur, la Chartreuse, sa cueillette exigeait tout un rituel au même titre que la cueillette du gui par les druides au temps des Romains. Le cueilleur devait se purifier les mains à trois sources différentes, se tenir hors de portée d'êtres impurs et ne jamais couper les tiges avec un objet métallique.
Selon une croyance médiévale, le basilic créa le scorpion. En effet, il suffisait de couper quelques feuilles de basilic, de les déposer sur le sol, à même la terre et de renverser un pot dessus. Quelques jours plus tard, avec précaution, on soulevait le pot et, à la place du basilic on retrouvait un scorpion. Cette pratique était, à une certaine époque, très en vogue et le scorpion devenait l'animal favori de personnes aux penchants funestes qui briguaient un poste ou un changement matrimonial.
EN PASSANT PAR LE PROFANE …
Il ne faut pas penser que le basilic a toujours été associé au sacré et à la mort. Il prend, dès le Moyen-Age, et sur tout le pourtour bassin méditerranéen, un caractère plus humain, plus social. Il parfume même l'eau de lessive et joue les entremetteuses.
Poussant à l'état sauvage, quoi de plus simple que d'offrir un brin de basilic aux étrangers qui venaient dans les îles, signe d'accueil et de paix alors que par les mots, on n'arrivait pas à se comprendre. Dès qu'un bateau accostait, les enfants étaient chargés de dévaler les pentes et d'aller accueillir les arrivants avec un bouquet de basilic afin de protéger l'île, la peur faisant souvent naître des gestes hostiles.
Plus tard, le basilic descendit dans la rue et on retrouve de nombreuses anecdotes tirées de la tradition folklorique. Quoi de plus innocent qu'un pot de basilic sur le rebord d'une fenêtre, direz-vous! Mais attention! Cela signifiait souvent que le chemin était libre et que l'amant pouvait aller enlacer sa belle sans dangers. Pour l'amoureux qui désirait engager sa vie sans chercher les figures de style, il n'avait qu'à offrir une branche de basilic à sa bien-aimée.En l'acceptant, elle jurait silencieusement de l'aimer et de lui demeurer fidèle éternellement.
Puisque la cuisine italienne est fortement rehaussée de basilic, dans chaque cuisine, sur chaque rebord de fenêtre, trône un pot de basilic aussi fallait-il inverser la coutume et retirer le pot de basilic lorsqu'on voulait se faire conter fleurette.
Chez les Berbères nomades, le conseil de tribus est composé de notables, eux-mêmes issus des familles les plus importantes. En cas de guerre, l'un d'eux est immédiatement désigné comme chef sur lequel devra reposer toutes les décisions. On glisse alors, comme une aigrette, un bouquet de basilic dans les plis de son turban, en signe de ses fonctions exceptionnelles.
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