Saveurs de France > Balade gourmande en pays picard
À l'ombre des cathédrales, la Picardie respire un air frais et doux. C'est un pays marin sans être maritime, c'est un pays étale sans être plat. C'est un pays paisible et infiniment agreste. Deux Picardie s'imbriquent imperceptiblement. Au sud et à l'est d'une ligne Laon-Senlis, les plateaux agricoles creusés de vallées étonnantes, verdoyantes, giboyeuses - des terroirs d'écrivains, contrastent avec les puissants massifs forestiers du Valois et du Laonnois. La gastronomie picarde est traditionnelle, familiale et simple, une bonne cuisine paysanne riche enracinée dans le terroir, à base de soupes et de fricassées (ragoûts à base de légumes), enrichie par les produits de la mer, de rivières, d'élevage.
La Somme est un jardin potager inouï, depuis longtemps un haut lieu du maraîchage avec les hortillonnages d’Amiens et de Péronne. La vallée de la Somme fut rendue célèbre par la bataille qui s’y tint durant la première guerre mondiale. Elle tire son nom du fleuve qui, par ses multiples méandres, a engendré des centaines de lacs tout au long de son parcours.
D’Amiens (ville où a été construite la plus grande cathédrale gothique du monde) à Abbeville (notable Collégiale St-Vulfran) la vallée a su préserver son environnement naturel et un indéniable charme.
La découverte de la région s'effectue en goûtant les fruits de la mer (crevettes grises, hénons, moules de bouchot,.), les passe-pierres, la ficelle picarde, la flamiche aux poireaux, les harengs marinés à l'Abbevilloise, le lapin aux pruneaux, l'agneau de pré salé sans oublier le traditionnel gâteau battu et les macarons. Regardons quelques spécialités à la loupe:
Bon appétit du pays picard
Les activités maraîchères sont encore pratiquées, tout le long de la Somme et notamment dans la terre noire des Hortillonnages, marais drainés dès l’époque gallo-romaine. Aujourd’hui ces jardins entourés d’eau s’étendent encore sur plus de 300 hectares au cœur d’Amiens. Mais les maraîchers qui étaient 900 au début du siècle ne sont plus que 9. Tous les jeudis et samedis matin, ils proposent leurs fruits et légumes au "marché sur l’eau", le long de la Somme, au pied de la cathédrale. Plusieurs productions du département ont acquis une réputation nationale :
La carotte de Saint-Valery-sur-Somme
D’une saveur exceptionnelle, elle se maintient longtemps après son arrachage. C’est une grosse carotte bien droite qui pousse dans les terres sableuses de Pendé et Saint-Valery-sur-Somme. Elle est réputée dès la fin du siècle dernier pour sa chair tendre et douce.
Le cresson de Fontaine de Bresles
Deux variétés sont cultivées dans les 9 cressonières de Bresles, une d’été à petites feuilles, l’autre d’hiver à larges feuilles. Cette plante croquante, au goût légèrement poivré, est appréciée depuis le XVIIème, mais c’est surtout au XIXème siècle que sa culture se développe, selon des méthodes venues d’Allemagne. Les semis se font en mars et juillet et le cresson est coupé régulièrement tous les 18 jours.
L’endive du Ponthieu et du Santerre
La Somme produit 50 000 tonnes de ces légumes sur une production totale française de 70 000 tonnes. L’endive n’est autre que la racine de la chicorée dont la culture est forcée dans l’obscurité. "Inventée" au siècle dernier en Belgique, sa culture s’est répandue dans la Somme dans l’entre-deux-guerres.
Le crosne du Marquenterre
Ce légume est un petit tubercule de la grande famille des labiées. Originaire de Chine et du Japon, il est cultivé dans les terres sablonneuses du Domaine du Marquenterre depuis quelques années. De saveur délicate, rappelant un peu le goût de la châtaigne, il accompagne les viandes rôties.
La salicorne de la Baie de Somme
Cette plante, appelée aussi passe-pierre, n’est pas cultivée. Elle pousse dans les prés salés, recouverts par la mer lors des fortes marées. Elle est récoltée de la fin mai à la fin septembre, entre le Hourdel et Saint-Valery-sur-Somme, au sud de la Baie de Somme, par des "pêcheurs à pied". Elle est mise en bocal, dans le vinaigre, pour servir de condiment. Très riche en sels minéraux, elle est aussi vendue pour être consommée crue en salade, ou cuite en légume d’accompagnement de la viande ou du poisson.
La rhubarbe d’Abbeville
Originaire de Chine et de Mongolie, la rhubarbe a été acclimatée en Europe par les Anglais, à la fin du XVIIIème siècle. Sa culture se développe au XIXème siècle à Abbeville notamment. Aujourd’hui elle y est cultivée sur plus de 5 hectares par une dizaine d’agriculteurs regroupés en coopérative et, dans les environs, par de petits producteurs. Elle est transformée en boisson et en confiture. Elle est aussi vendue sur les marchés : compotes et tarte à la rhubarbe sont des desserts de choix au printemps !
Les pommes du Vimeu et de l’Amiénois
Comme dans la Normandie voisine, les pommiers, dans la Somme, étaient traditionnellement plantés dans des pâturages. La pomme y est cultivée à la fois pour le cidre et pour le dessert. Au début du siècle, on mentionne à Abbeville plusieurs fabriques qui produisent chaque année plus d’un million de kilos de compotes et confitures de pomme. Dans le Vimeu, la variété traditionnelle est la "tête de chat". Dans l’Amiénois, on cultive la "reinette fardel" et la "jacques lebel".
Les anguilles de la Somme sont réputées, à Paris, depuis le début du XIXème siècle. Les étangs de la Haute Somme en produisent aujourd’hui plus de 80 tonnes par an. L’anguille que pêchent les "fermiers-pêcheurs" est adulte. Elle s’est engraissée pendant 10 à 18 ans dans les eaux des étangs. Elle est alors jaune-orangée, on l’appelle "cacheux" en picard.
L’anguille est assaisonnée de multiples façons : fumée, en pâté, grillée ou mitonnée au cidre.
De nombreux autres poissons sont pêchés dans les affluents de la Somme et dans ses étangs : truites, carpes, brochets, sandres.
Sur la côte, on pêche la sole, le carrelet, le bar et le hareng. Les pêcheurs des "petits bateaux" proposent leurs poissons, au Crotoy, dès leur retour au port. A bord des "sauterelliers", c’est la crevette grise que l’on pêche ; elle est appelée "sauterelle" sur la côte.
Les pêcheurs à pied ramassent aussi les coques, appelées hénons en picard. La Baie de Somme est le principal lieu de production des coques en France. Mais l’ensablement de la Baie provoque l’assèchement des estrans qui ne sont plus propices à la reproduction des coques. Aussi la production baisse-t-elle chaque année : de 2 500 tonnes dans les années 80, à 500 tonnes aujourd’hui.
Quant aux moules, elles sont sauvages au sud de la Baie, des falaises d’Ault, jusqu’à Mers-les-Bains. Au nord, elles sont élevées sur les bouchots, pieux enfoncés dans le sable pour supporter les colonies de coquillages. Le développement de cet élevage date surtout du début des années 80. Plus de 50 000 bouchots ont été installés entre le Crotoy et Quend-Plage.
La Baie de Somme est aussi depuis des siècles une grande réserve pour le gibier d’eau. La chasse à la hutte ou au hutteau est encore pratiquée. Mais les pâtés et autres recettes de canard sont élaborés essentiellement avec des animaux d’élevage.
Le cidre est la boisson traditionnelle de la Somme. Autrefois, on y produisait cependant du vin qui avait plutôt mauvaise réputation. Le cidre de pomme, comme celui de poire, appelé poiré, est aujourd’hui fabriqué essentiellement dans l’Oise.
La production de miel, autrefois importante autour de Montdidier et d’Amiens, permet encore aujourd’hui la fabrication d’hydromel.
Quant à la bière, elle est produite, dès le XVIème siècle à Abbeville, mais aussi à Amiens et Péronne. La bière élaborée aujourd’hui près de Péronne, appelée "bière Colvert", est de couleur blond doré, douce en bouche et peu amère. Elle titre 7° d’alcool.
Le "flippe" était autrefois très prisé des paysans : ce mélange de cidre et d’eau de vie était chauffé avec du miel. Aujourd’hui on lui préfère une "tchiotte bistouille", quelques gouttes d’eau de vie dans un café noir.
L’agneau de pré-salé de la Baie de Somme
Il est vendu sous le label "Estran". 4 000 brebis paissent aujourd’hui sur les prairies inondées de la Baie. Dès le début du siècle la viande de mouton figure dans les spécialités gastronomiques de Saint-Valery-sur-Somme.
Le rollot
Le Rollot est le fromage emblématique de Picardie. Comme le Maroilles, ce sont des moines qui ont développé sa production à l’origine. C’est un fromage traditionnellement fabriqué aux environs de Rollot, près de Montdidier, depuis le début du XIXème siècle, un fromage à pâte molle et à croûte lavée, de couleur jaune, en forme de cœur.
Picarde.
Champignon, jambon, gruyère - on retrouve cette garniture notamment dans la ficelle (crêpe)
Crécy.
À base de carotte
Valenciennes
Au début du siècle, dans la région de Valenciennes, il était de coutume de servir de la langue de bœuf pour les repas de famille lorsqu'un décès survenait. Un jour, à la demande de clients qui souhaitaient déguster quelque mets plus luxueux, un restaurateur local eut l'idée d'associer la langue de bœuf fumée à du foie gras et c'est ainsi que fut créée la langue Lucullus, spécialité de la ville de Valenciennes.
Parmentier
À base de pomme de terre - potage, hachis, etc.
Pain
Les plateaux surplombant la vallée de Somme ont été de riches terres à blé, depuis l’introduction du marnage par les Celtes. Le pain de "tradition picarde" contient 35 % d’épeautre, céréale appréciée depuis fort longtemps, à l’égal du froment. Parmentier affirmait que le pain d’épeautre est "extraordinairement blanc, léger et d’une digestion facile".
Flamiche et Bisteu
Ou "flamique" en picard est un plat typique du Santerre. C’est une tourte, généralement aux poireaux. Dans le Ponthieu, point de poireaux! On y met des pommes de terre et du lard, c’est le "bisteu". bisteu ou Bigalan. Mais on en confectionne aussi aux oignons ou au potiron.
Flamiche aux poireaux
La ficelle picarde
C'est un plat beaucoup plus récent : une fine crêpe salée est roulée autour d’une tranche de jambon contenant un émincé de champignon. Le tout est gratiné dans une sauce crémée.
Le célèbre pâté de canard d’Amiens
Il est traditionnellement fabriqué avec un canard entier, farci et cuit au four dans une abaisse de pâte. Aujourd’hui, les charcutiers et restaurateurs préfèrent employer du canard désossé pour leur pâté en croûte.
La soupe aux tripes, à la bière
Goyères aux Maroilles.
La caghuse - jarret de porc aux oignons
Fricassée de volailles à la bière de garde.
Hures d’anguille de la Somme.
Etc.
Photo: CRT Picardie / David Grouard
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