Les premiers oeufs de Pâques étaient-ils en chocolat?
Origine, Vie, Fécondité et Renouveau
Quelle fascination que la forme d'un oeuf. La tradition des oeufs peints semble remonter jusqu'à la préhistoire car la forme de l'oeuf a, depuis les temps immémoriaux, symbolisé la fécondité, la vie et le renouveau. Dans le Kalevala, le livre sacré des anciens Finlandais, on raconte que Iltamara, la mère de l'eau dormait au fond de l'océan qui couvrait alors toute la surface du globe. En bougeant un jour pendant son sommeil, elle fît apparaître à la surface de l'eau son genou, rond comme une île. Le maître de l'air, fasciné par sa forme, y déposa un oeuf d'or.
Iltamara, frémit à ce contact et brisa la coquille dont chaque parcelle vint créer le monde d'aujourd'hui: Le bas de la coque devint firmament et se teinta de reflet bleuté; le jaune se transforma en soleil, l'albumen en lune blanche, les morceaux clairs de la coque en étoiles et les parties foncées en nuage. Le monde prenait forme.
D'autres sources affirment que l'oeuf symbolise les quatre éléments de vie: la coquille représente la terre; la membrane, l'air; le blanc, l'eau; et le jaune, le feu.
Au Japon, tous les mets choisis durant le mois de septembre ont rapport avec la lune. Ce sont les fêtes semi-annuelles du Tsukimi. On pose toujours dans une petite coupe cerclée de bleu un demi-oeuf, symbole de la lune entourée de nuages.
Au Moyen-Âge s'effectuait le grand cortège des oeufs qui donnait lieu à des réjouissances, époque du renouveau, de la nature qui sortait de sa longue léthargie.
Au XIe siècle, apparut la pratique de faire commencer l'année le jour de Pâques. C'était la résurrection, le printemps et les oeufs devinrent un cadeau de bonne année sous les auspices de la fécondité. Un siècle plus tard, les oeufs sont bénis par l'Eglise et on voit le Roi de France, sur le parvis de l'église, distribuer ce symbole de résurrection au sortir de la messe pascale. Au XVIIIe siècle, les officiers de bouche devaient parcourir l'Ile-de-France à la recherche des plus gros oeufs. Le Roi les faisait dorer, puis bénir avant de les distribuer aux gens de sa maison.
Signe de vie aussi dans cette charmante coutume provençale qui consiste à offrir au nouveau-né un oeuf, du sel et du pain pour que sa vie soit saine et bonne. Mais rien ne vaut le dessin de multiples oeufs dans le berceau du nouveau-né pour lui porter chance affirment les Chinois.
L'évolution des oeufs peints
Objet de culte chez les Perses, on doit à Septime-Sévère la transformation des oeufs sous forme de cadeau. Ainsi, l'origine des oeufs peints remonte aussi loin que du temps de la Rome Antique. Septime-Sévère, quoique empereur, ne dédaignait pas visiter sa basse-cour impériale et telle ne fut pas sa surprise lorsqu'une poule pondit, tôt le matin, un oeuf rouge le jour de la naissance de son fils. Une telle anomalie de la nature devint l'élément déclencheur d'une tradition.
Les poules ne font pas Carême!
Un grand courant religieux souffla dans les poulaillers à partir du IVe siècle et vint encourager cette coutume d'offrir des oeufs le premier dimanche après la pleine lune suivant l'équinoxe du printemps - une façon moins spirituelle de fêter la résurrection du Christ dans toute la chrétienté. Pourquoi direz-vous? Tout simplement parce que l'église interdisait la consommation des oeufs durant les 40 jours de jeûne précédant l'avènement mais les poules ne faisaient pas Carême et continuaient à pondre. On se retrouvait donc, au matin de Pâques, avec une grande quantité d'oeufs. Il fallait donc partager la sur-production et les donner. Un panier d'oeufs frais, c'est gentil mais colorés, peints de figurines, de devises, etc. les oeufs devenaient "cadeaux" dans le vrai sens d'une belle présentation conçue pour faire plaisir.
Chaque pays, chaque époque a ses prédominances. La tradition n'a pas évoluée au même rythme d'une région à l'autre mais c'est au matin de Pâques qu'on s'échange des oeufs de diverses couleurs. On retrouve cette coutume chez les chrétiens Coptes d'Égypte du Xe au XIIe siècle et chez les Alsaciens au XVe et au XVIe siècles en Alsace.
En l'an 1200, sous Edward I en Angleterre, on retrouve dans la comptabilité du palais royal la somme de 18 pences versée pour l'achat de 450 oeufs qui devaient être peints à la feuille d'or avant d'être distribués aux membres de la famille royale. Les oeufs recouverts d'or apportent la richesse à ceux qui les reçoivent. Cette coutume "royale" se retrouve 500 ans plus tard alors que le roi Louis XIV en fait une institution. D'une part, ses gens devaient lui apporter le plus gros oeuf pondu en son royaume durant la semaine sainte et, lui-même, le jour de Pâques, entouré de grandes corbeilles, distribuait en personne des oeufs peints à la feuille d'or à ses courtisans aussi bien qu'à sa valetaille.
Plus tard, l'oeuf devint monnaie et, chaque année, dans Paris, les ecclésiastiques parcourait les rues de Paris, le panier sous le bras, pour recevoir leurs redevances ecclésiastiques.
Il est coutume d'offrir encore des oeufs cuits durs non écaillés et peints en rouge aux membres de sa famille et à ses amis durant les Fêtes pascales.
On les peignait de cloches et d'edelweiss et on les accrochait aux branches des arbres.
Les oeufs avaient d'abord des motifs reliés aux voeux et à la prière. Par exemple, on peignait de petits soleils pour obtenir du beau temps, des épis pour de belles récoltes, etc. Maintenant, ils sont peints surtout de dessins géométriques selon une technique rappelant celle du batik. On applique une couleur à la fois, du clair au plus foncé en enduisant la coquille de cire et en enlevant seulement le motif désiré selon la couleur choisie: le rouge, le noir, le jaune et l'orangé sont les teintes dominantes. Puis on les cuit au four. Ils deviennent brillants et durs, de véritables oeuvres d'art au demeurant fragiles.
À partir de la Renaissance, l'oeuf populaire peint trouva, à ses côtés, l'oeuf précieux. L'engouement pour les oeufs sertis de pierres précieuses, plaqués d'argent ou rehaussés de filigranes d'or trouvèrent leur apogée avec Fabergé.
Au XIIIe siècle, le Jour de Pâques, les clercs et les étudiants, toujours mal nourris, partaient à la recherche des oeufs de Pâques dissimulés dans Paris.
Puisqu'on ne pouvait ni consommer, ni vendre des oeufs pendant tous le temps du Carême, chaque région de France se mit à élaborer des pâtisseries riches en oeufs associées au dimanche de Pâques:
- alise pacaude en Vendée
- miflette en Bourgogne
- fougasson en Auvergne, etc.
L'acèse vint ici augmenter le chapitre des superstitions. Ainsi, il n'y avait rien de tel que de manger, à jeûn un oeuf pondu le Vendredi Saint pour éloigner la maladie jusqu'au dimanche de Pâques suivant. Les gens, pour mettre tous les chances de leur côté, réduisaient ensuite en poudre les coquilles pour le diable et les mauvais esprits n'aient plus aucune surface pour écrire leur nom dessus.
En Allemagne, c’est le lapin, ou plus exactement le lièvre (Osterhase) qui apporte des oeufs en chocolat, du sucre ou du massepain, et parfois même des jouets. En Bavière, le lièvre est remplacé par un coq, en Thuringe, c’est un renard et dans la région de Hanovre, c’est un coucou qui cache les objets dans les jardins, dans les buissons ou sous les arbres, ou dans les appartements, dans les coins des canapés, sous les armoires ou dans les pots de fleurs. Souvent, on fait cuire des oeufs pour les décorer ensuite de couleurs vives et de dessin amusants. D’autres font de jolis bouquets de forsythias ou de branches de pommiers auxquels on accroche des oeufs vidés et peints.
Le Vendredi Saint, on mange souvent à midi des oeufs et un rôti d’agneau. les tables sont décorées de nappes ou de serviettes brodées de lapins, de fleur et d’oeufs. Une coutume particulièrement haute en couleurs est la décoration des « puits de Pâques », pratiquée en Suisse saxonne.
On dit que si quelqu'un refuse un oeuf de Pâques, c'est un affront encore plus grand que de recevoir une gifle.
Un oeuf de Pâques avec deux jaunes est un signe de chance inouï et un gage de fortune pour son propriétaire
Un oeuf béni à Pâques repousse la maladie
Un oeuf de Pâques planté dans un vignoble protège la vigne du tonnerre et de la grêle
Dans certains pays ou certaines régions comme en Louisiane, il existe un "jeu de Pâques ou Pacqué" qui consiste à tenir fermement un oeuf dans la main et de le cogner sur l'oeuf du voisin sans pour autant le casser.
En France, sur les places de villages, on joue à la "roulée", à la "toquette". Si les règles diffèrent, l'essence même du jeu demeure: le gagnant est celui qui ne casse pas son oeuf.
Ce n'est qu'au XVIIIe siècle, en France, qu'on décide de vider un oeuf frais et de le remplir de chocolat. Puis vinrent les moules, les décorations et la tradition gourmande. Ici, quand sonnent les cloches de Pâques, les enfants partent dans le jardin pour une course à l'oeuf . ou à la poule en chocolat qu'on dissimule dans les haies, sous les buissons.
Ce sont les cloches qui, sous leur grosse jupe de fonte ou d'airain, rapportent les friandises aux enfants sages, toutes carillonnantes d'avoir été bénies à Rome en ce saint jour. Mais elles ne sont pas les seules émissaires. Au Tyrol, c'est la poule, en Suisse, un coucou et, dans les pays anglo-saxons, un lièvre.
La tradition du lapin en chocolat a suivi un long processus d'évolution apporté par les anciens Teutons qui croyaient fermement qu'à Pâques, c'était au tour des lapins de couver les oeufs. L'association lapin - Pâques - chocolat découle de cette croyance populaire.
Photo du haut : Pysanka - Oeufs ukrainiens
Photo de la pyramide d'oeufs en chocolat : "Galinette Star" chez Lenôtre
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