Malgré la croyance que tous les Turcs boivent à toute heure du café turc, le thé est la source principale de caféine des Turcs. Il est préparé de façon particulière: on le fait infuser au bain-marie et on le sert dans des petits verres transparents qui laissent voir la couleur rouge foncé et le gardent bien chaud. La consommation de thé est absolument inséparable de la journée de travail, à tel point que toute interruption dans l'approvisionnement constant en thé frais sera à coup sûr nuisible à la productivité. On raconte qu'un jour un lion s'échappa du zoo d'Ankara et s'installa au sous-sol d'un immeuble de bureaux. Il se mit à dévorer fonctionnaires et cadres, et même quelques ministres, mais personne ne s'en soucia. Par contre, une délégation se forma sur-le-champ quand le lion dévora "l'homme à thé" (çayci), chargé de faire le thé frais!
Un parc sans thé est inconcevable en Turquie. Chaque point de vue s'assortit d'un salon de thé ou d'un jardin de thé: sous un platane face à la place principale du village ou de la ville, au sommet d'une colline offrant une vue majestueuse sur une vallée ou sur la mer, au bord d'un port, au marché, sur le bas-côté d'une route panoramique, près d'une cascade ou en forêt. Les jardins de thé typiques d'Istanbul sont à Emirgan sur la côte européenne du Bosphore, à Çamlica sur la côte asiatique, le fameux café Pierre Loti et le jardin de thé d'Usküdar.
Régulièrement, les femmes se réunissent l'après-midi pour prendre le thé. Ce sont des réceptions très soignées avec au moins une douzaine de gâteaux, pâtisseries, petits fours salés et sucrés et börek préparés par l'hôtesse. Les femmes troquent leurs innovations et leurs trouvailles en matière culinaire… et les potins.
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