Balade gourmande à Sainte-Lucie
Dans les embruns marins se trouve une île en forme de corne, aux havres d'un vert profond... un lieu de lumière et de vallées lumineuses surplombées de nuages chargés d'éclairs... De ses montagnes coiffées de forêts de mousse coulent des ruisseaux, et les aigrettes s'amusent à faire des ronds dans ses bassins...
Citation de Derek Walcott dans son poème Omeros
Si vous rêvez de mordre dans la chair juteuse d'un crabe pêché à la minute et gorgé de saveurs, de détacher à la cuillère la gelée d'une noix de coco encore verte avec en fond de décor la forêt tropicale humide, les pitons majestueux... vous allez sans doute trouver ici une tranche de paradis.
La cuisine de Sainte-Lucie est l'expression la plus tangible de son héritage culturel. Appartenant au Commonwealth britannique depuis 1979, l'anglais est la langue officielle de l'île mais le Kwéyòl est largement utilisé par les Saint-Luciens de n'importe quel milieu. Ce n'est pas juste un patois ou une distorsion du français, c'est une langue à part entière, un mélange de français et de dialectes africains, autant d'influences qui se répercutent dans la tradition culinaire, une cuisine largement pimentée, mijotée très souvent dans des marmites d'argile.
Son sol volcanique a engendré une explosion d'arbres fruitiers, un dégradé de vert ponctué ici et là par le rouge des flamboyants qui attirent les oiseaux mouches. Le pays est un des plus grands exportateurs de bananes avec 6 variétés. On ne sera pas surpris si ce fruit-légume joue un rôle prépondérant dans la cuisine sous forme de pain aux bananes, de salade de bananes, de vin, de sauce, de confiture... sans oublier la banane verte (fig) - simplement bouillie, elle accompagne traditionnellement le plat national, un plat mémoire du temps où les marins n'avaient que le poisson salé pour se nourrir durant leurs longues traversées. Cuit en pot-au-feu avec des oignons, des poivrons et quelques assaisonnements. il fait partie du quotidien d'un bout à l'autre de l'île.
D'autres fruits ont aussi trouvé ici leur terre de prédilection: mangue, papaye, ananas, corossol, fruit de la passion, goyave, noix de coco...
Les légumes principaux jouent surtout dans la catégorie "racine": manioc, dachine (taro), patate douce...
La mer, à ses pieds, est généreuse. Les pêcheurs ramènent au port barracuda, maquereau, thazard, vivaneau, dolphin (n'ayez crainte ce ne sont pas des dauphins), espadon...
Les chefs locaux mélangent des produits terre et mer pour créer de merveilleux curries et des ragoûts. La soupe aux feuilles de calalou (Callaloo soup), dont les feuilles ressemblent à celles de l'épinard, est un plat national. Parmi les traditions culinaires créoles, on compte les steaks de thon ou autres poissons frais à la sauce créole relevés d'épices, les crabes farcis, les colombos ou encore les bananes plantains frites.
Traditionnellement, le dimanche, vous pourrez commander des "bakes" (petits pains) chauds pour accompagner la salade de poisson salé et de concombre, avec, pour breuvage un thé au cacao. Ce repas pour peu étrange pour un non local se déguste en famille mais certains hôtels le proposent au menu, notamment au Jounén Kwéyol et au Assou Square.
Faites l'expérience du mode de vie authentique des Saint-Luciens lors d'une excursion au Fond Latisab Creole Park qui vous mènera dans une communauté de Babonneau appelée Fond Assau. Vous pourrez assister à des pratiques traditionnelles telles que la préparation du pain de manioc, la cuisson sur des feuilles de macambou, la pêche aux écrevisses dans la rivière, la collecte du miel dans une ruche.
Lambi
Le lambi est une énorme conque pêchée en apnée à plus de 12 m de profondeur. Sa chair exquise est servie en ragoût créole bien relevé qu'on peut déguster partout sur l'île en cuisine de rue et dans les petits restaurants locaux alors qu'elle fait le délice créatif des grands restaurants.
Vous recherchez l'authenticité?
Alors que l'appellation "bouillon" se résume souvent à un cube, à Sainte-Lucie, il désigne un plat copieux, un plat que les Américains classent dans la catégorie "Comfort Food", un plat qui réconforte composé d'une queue de cochon ou autre partie de l'animal peu usuelle, qu'on laisse longuement mijoter avec des légumes racines, des assaisonnements et dans lequel on plonge des ravioli roulés à la main.
Lionfish / Poisson lion
C'est un nouveau venu sur la table de l'île afin d'encourager les pêcheurs à pêcher cette espèce invasive et destructice. Lorsqu'on a enlevé ses longues épines empoisonnées, la chair du poisson lion est tendre et blanche. Chacun rivalise de créativité pour bien appréter ce délicieux poisson dans un vaste mouvement éco-responsable.
Durant toute l'année, nous trouvons aussi des plats emblématiques incontournables comme le hareng saur au déjeuner du Vendredi Saint, le fruit à pain grillé servi dans une calebasse évidée lors de la journée créole / Jounen Kweyol et le sirop d'oseille-pays fait à partir des bourgeons de cet hibiscus pour confectionner le punch de Noël.
Pour vous désaltérer, rien de mieux qu'une délicieuse eau de coco que l'on vous proposera sur toutes les places de marchés ou aux abords des plages. Pour les amateurs de bières, procurez-vous la bière blanche de Sainte-Lucie brassée à Vieux-Port. Il sera facile de la reconnaître car son étiquette est à l'effigie des deux fabuleux pitons, emblème de Sainte-Lucie. Sur l'île, une production de rhum existe. Goûtez donc au rhum brun, le « Bounty Rhum », ou préférez les mélanges détonants du rhum blanc. Pour les aventureux le « Spice Rum » vous surprendra : cette mixture à base d'épices et de bois sec, dont le bois bandé, macérés dans du rhum blanc passerait davantage du côté de la pharmacopée. Le sirop Lambert n'est pas loin!
Pour adoucir ce breuvage, on pourra mélanger le Spice Rum à un sirop de grenadine. Pour vos apéritifs plus délicats, il vous reste les boissons à base de seamoss, algue séchée et bouillie dans de l'eau, mixée au lait, parfumées à la noix muscade et à la cannelle !
Et quand le soleil faiblit à l'horizon, laissez-vous tenter par la douceur de l'île en sirotant un punch au tamarin accompagné de chips plantain.
Pour s'approprier la culture d'un pays, oubliez le steak frite et mangez comme les locaux : commandez un morceau de poulet ou de porc bien assaisonné et cuit sur le barbecue aux vendeurs de rue de Gros Islet ; la prise du jour servie avec du riz aux pois pigeon dans la cour d'un restaurant de la Soufriere ; du boudin épicé à un kiosque sur la route de Dennery ; un wrap santé à un camion de rue à Rodney Bay. C'est ça l'aventure culinaire.
-
Recettes
-
Produits
-
Recevoir
-
Chefs
-
Pratique
-
Lexiques